• Les Manuscrits Ninja et Hyakka Ryouran

     

    Les Manuscrits Ninja et Hyakka Ryouran

    Les Manuscrits Ninja et Hyakka Ryouran

    Les manuscrits ninjaTome 1

    - Les sept lances d'Aizu

    Fûtarô Yamada

    Parution le : 8 Avril 2010

    Editeur : Philippe Picquier

    ISBN : 978-2-8097-0170-8

    EAN : 9782809701708

    Les Manuscrits Ninja, Tome 2

    -Les sept guerrières du Clan Hori

    Fûtarô Yamada

    Parution le : 23 Septembre 2010

     Editeur : Philippe Picquier

    ISBN : 978-2-8097-0195-1

    EAN : 9782809701951

    En 1642, le daimyô tyrannique et pervers du riche fief d'Aizu fait exterminer par ses sept hommes de main - les Sept Lances d'Aizu - toute la famille de Hori Mondo qui s'était rebellé contre son seigneur. Seules sept femmes du clan survivent et jurent de se venger. La princesse Sen, la propre soeur du shôgun, obtient d'un maître de sabre qu'il les instruise afin qu'elles assouvissent leur vengeance de leurs propres mains. Sept jeunes femmes intrépides mais novices dans l'art du combat, contre sept mercenaires aux techniques guerrières surhumaines...  

    Les sept guerrières du clan Hori poursuivent leur vengeance. Parvenues sur les terres du cruel seigneur d'Aizu, elles disparaissent dans la blancheur de la neige, réapparaissent sous le déguisement de moines pèlerins, et rivalisent d'audace et de ruse pour affronter des ennemis aux armes redoutables et magiques, comme l'écho de rêve ou le filet de brume. Leurs alliés ? Un maître de sabre aussi vif et furtif qu'une ombre, et un vieux maître de sagesse zen dont les facéties peuvent se révéler plus dangereuses que le fil d'une lame.

     

    Yamada Fûtarô

    C'est avec le premier tome des Manuscrits Ninja que l'auteur connaît en 1959 une célébrité fulgurante : Yamada Fûtarô est le véritable créateur de l'univers romanesque des ninja, où le combat de samouraïs devient un art d'une puissance et d'une rapidité quasi surnaturelles.Solidement ancré dans la réalité historique, un roman qui fait la part belle aux étourdissantes prouesses de combat, ne renie pas l'humour ni la dérision, et vous propulse en un éclair de lame de la première à la dernière page.



     

    Tout d’abord examinons le titre de cette série. Hyakka Ryouran est la phrase célèbre venue de l'époque des Royaumes combattants « que cent fleurs s’épanouissent en abondance » qui eut son heure de gloire sous Mao ZEDONG (Mao tsé toung). La campagne des cent fleurs (百花运动/百花運動) fut une politique menée en Chine de février à juin 1957. Le principe était de redonner la (fausse) impression d’une certaine liberté d'expression à la population, tout particulièrement aux intellectuels, pour critiquer le Parti.

    A l’origine « Que cent fleurs s'épanouissent, que cent écoles rivalisent ! » est l’expression employée par les intellectuels chinois pour décrire la période que connut la Chine à l’époque des « Royaumes combattants ». C’est-à-dire la fin de la longue dynastie Zhou (Tcheou) qui s’étale entre –1122 et –256 avant notre ère. Ils considéraient cette époque est comme un exemple de riche diversité intellectuelle.

    Cette série est une uchronie qui se place à l’époque contemporaine, mais dans un Japon parallèle. L’ère des Togakuwa se poursuit, de même que leur rivalité avec le clan des Toyotomi. L’introduction du 1er épisode nous laisse entendre que l’Empire du Grand Japon a gagné la Guerre du  Pacifique grâce à ses Gardiens Divins, les Maîtres Samurai.

    Pour ceux qui connaissent l’histoire du Japon, même si ce n’est que par les mangas ou les dessins animés, les noms des personnages principaux de cette histoire ne sont pas inconnus. En effet les jeunes héroïnes de Hyakka Ryouran portent les noms de ceux dont elles sont sensées être les réincarnations : Yagû Jûbei, Sanada Yukimura, Goto Matabei, Togakuwa Senhime, Hattori Hanzō. 

    Nous en avons deux qui de retrouvent aussi dans « les Manuscrits Ninja ». Ce sont :

    Togakuwa (徳川) Senhime, petite-file de Tokugawa Ieyasu fut mariée au fils de Toyotomi Hideoshi, Toyotomi Hideyori.

    et

    Yagyū Jūbei Mitsuyoshi (柳生 十兵衞 三厳, 1607 - 21 avril 1650) est l'un des plus célèbres samouraïs du Japon féodal. Il a fait l'objet de nombreuses histoires.

    Un troisième personnage historique important dans le récit est :

    Takuan Sôhô (沢 庵 宗 彭, 1573-1645) qui fut une figure importante dans l'école Rinzai du Bouddhisme Zen. 

     


     

    Les personnages historiques : 

    Senhime ou Princesse Sen

    Les Manuscrits Ninja et Hyakka RyouranSenhime ou Princesse Sen (千姫, 1597 - 1666). La Princesse Sen apparaît dans de nombreuses pièces de théâtre et les films japonais ainsi que dans des mangas et animes. La Sen-hime historique était liée par la naissance et/ou le mariage aux personnes les plus célèbres de l'ère Sengoku. Ainsi sa grand-mère maternelle était OIchi, la sœur de Oda Nobunaga. Son grand-père paternel était le shogun Tokugawa Ieyasu. Son père et sa mère étaient respectivement le shogun Tokugawa Hidetada et Dame Oeyo. À six ans son grand-père l'avait mariée à Hideyori, le fils de  Toyotomi Hideyoshi.  À la mort d’Hideyoshi en 1598, Tokugawa Ieyasu et les autres daimyos  avaient promis de protéger Hideyori, mais en 1614 et 1615, Ieyasu et son fils Hidetada assiégèrent deux fois Hideyori dans son château d'Osaka. À la fin du second siège, avant le suicide d’Hideyori et de sa mère dans l’incendie du château, Sen-hime (19 ans) et sa fille adoptive Naa-hime (7 ans) furent autorisées à sortir du château. 

    Les Manuscrits Ninja et Hyakka RyouranEnsuite, Ieyasu obligea Sen-hime à épouser le daimyo Honda Tadatoki du fief de Himeji. Ils eurent deux enfants. À la mort de Honda 10 ans plus tard, Sen-hime prononça ses vœux de nonne au monastère Tenjuin et vécut à Edo jusqu'à sa mort à l'âge de 70 ans. 
    Mais Sen-hime ne resta pas cloîtrée comme une nonne. Elle était liée à deux couvents, le Tokeiji et le Mantokuji (les deux couvents-refuges pour femmes menacées ou victimes de violence à l’époque d’Edo). S’inspirant du système du Tokeiji (fondé à la fin du XIIIe siècle à l’époque de Kamakura) permettant aux femmes de  divorcer à leur initiative, Sen-hime l’établit au Mantokuji, temple fondé par le clan Tokugawa à Kamakura dans la préfecture de Gunma. 
    En 1642, Sen-hime accéda à la demande de Naa-hime, devenue l’abbesse Tenshu, de l’aider à sauver les femmes du clan Hori qui avaient été reçues le sanctuaire à la demande de Hori Mondo (grand vassal du Daimyo Kato Akinari du fief d'Aizu). Une fois que Kato eut fait tuer les hommes du clan Hori, il envoya à Kamakura un assassin pour tuer les femmes au Tokeiji. Cet épisode a été rendu célèbre au Japon par le manga « Le Ninja Scrolls Yagyu : la vengeance du clan Hori » de Yamada Futaro et Segawa Masaki, adapté du roman de Yamada Futaro, un compte-rendu à la fois  historique et fantastique de l'incident Hori.

     


     

    Yagyû Jubei 

    Les Manuscrits Ninja et Hyakka RyouranYagyû Jubei Mitsuyoshi (柳生 十 兵卫 三 厳, 1607-1650) est l'un des plus célèbres samouraïs de l'époque féodale du Japon. On sait très peu de choses sur la vie réelle de Yagyû Mitsuyoshi, les documents officiels sur sa vie sont très rares.  Yagyu Jubei Mitsuyoshi (né "Shichiro") a grandi dans les terres ancestrales de sa famille, Yagyû no Sato, maintenant à Nara. Il était le fils de Yagyû Tajima no Munenori Kami, maître épéiste des shoguns Tokugawa, en particulier Ieyasu, et Iemitsu qui considérait Munenori comme l'un de ses plus importants conseillers.  Munenori lutta pour Tokugawa Ieyasu lors de la bataille de Sekigahara. En récompense, il fut nommé maitre d’arme du shogun et daimyo d’un petit fief. Munenori entrainera trois shoguns successifs: Ieyasu, Hidetada, et Iemitsu. 

    Le Jubei historique 

    En 1616, Mitsuyoshi était donc devenu membre de la cour du deuxième shogun Tokugawa, Hidetada, puis, succédant à son père, le maitre d’arme du troisième Shogun, Tokugawa Iemitsu.

    En 1631, Jubei, alors considéré comme le meilleur escrimeur du clan Yagyû, est brusquement et inexplicablement renvoyé par le shogun. Ses allées et venues sont alors inconnues au cours des douze années suivantes, même la chronique secrète du clan Yagyû, contenant de longs passages sur de nombreux membres du clan, a peu d'informations solides sur Jubei. Finalement Yagyû Jubei, à l'âge de 36 ans, lors d'une compétition de  sabre, se présenta à nouveau devant le shogun. Suite à cette rencontre, Jubei fut rétabli dans ses honneurs et prérogatives et sert pendant une courte période en tant que gouverneur-inspecteur (御所 印 判, Gosho Inban), prenant ainsi le contrôle des terres de son père jusqu'à la mort de celui-ci en 1646.

    Jubei est également l'auteur d'un traité connu sous le nom Tsukimi no Sho (月見 の 諸) ou “ Écrits faits en regardant la lune ”, décrivant son école d'escrime, ainsi que d’autres textes où se retrouve l’influence des enseignements de Takuan Sôhô, moine zen ami de son père.

    Dans cet ouvrage, il raconte brièvement ses errances durant son éloougnement d'Edo de 1631 à 1643 — séries de voyage faits pour perfectionner ses compétences.

    En raison de cette disparition et de l’absence de documents sur cette période, la vie de Yagyû Jubei a nourri la spéculation et a été romancée dans la fiction populaire. Après avoir résidé à Edo pendant les années qui suivirent la mort de son père, Jubei abandonna la direction de son fief et retourna dans son village natal où il mourut au début de 1650 dans des circonstances incertaines. Certains témoignages établissent qu'il est mort d'une crise cardiaque, d'autres disent qu'il est mort lors d’une chasse au faucon ou d’une partie de pêche, tandis que d'autres encore présument qu'il fut assassiné par ses agents de son demi-frère.

    Jubei a été inhumé dans un petit village appelé Ohkawahara Mura, à proximité de son lieu de naissance, ce que fit également son demi-frère, Yagyû Tomonori. Conformément à la tradition, Yagyû Jubei a été enterré aux côtés de son grand-père, Yagyû Muneyoshi, laissant dans le deuil deux filles et son frère Munefuyu, son successeur. Jubei reçut le nom posthume bouddhiste de Sohgo. 

    Le Bandeau Légendaire

    La légende veut que Yagyû Jubei  avait perdu l'usage d'un œil, la version la plus courante étant qu'il l’avait perdu lors d’une séance d’entrainement au katana où son père, Yagyû Munenori, le blessa accidentellement. Toutefois, des portraits de l’époque le présente comme ayant ses deux yeux. La vérité reste inconnue, et plusieurs des auteurs les plus récents ont choisi de représenter Jubei avec deux yeux, bien que la représentation classique avec le "cache-œil" reste commune. D'autres ont choisi de voir Jubei perdre un œil à l'âge adulte afin de conserver le légendaire cache-œil.

    Dans la culture populaire, le bandeau sur l'œil de Jubei est habituellement une simple garde d’épée maintenue par un lien de cuir. 

     


     

    Maitre Takuan Sôhô

    Les Manuscrits Ninja et Hyakka RyouranTakuan Sôhô (沢 庵 宗 彭, 1573-1645) fut une figure importante dans l'école Rinzai du Bouddhisme Zen. 

    Né dans une famille de paysans dans la ville de Izushi, situé dans ce qui était appelé à l'époque la province Tajima (aujourd'hui la préfecture de Hyogo). Il commença ses études religieuses à l'âge de 8 ans, et 2 ans plus tard, il entra dans un monastère. A l'âge de 14 ans, Takuan débuta l’étude du bouddhisme zen de l'école Rinzai sous la direction de son maitre Shun-oku Soen.

    A 36 ans, en 1608, Takuan devint l’abbé du Daitoku-ji à Kyoto. Il partait pour de longues périodes de voyage au cours desquels il collectait des fonds pour la rénovation du Daitoku-ji et d'autres temples Zen.

    En 1629, Takuan fut exilé au nord du Japon par le shogun Tokugawa Hidetada pour avoir protesté contre l'ingérence du pouvoir politique dans les temples bouddhistes à propos des nominations dans la hiérarchie ecclésiastique. En 1632, il y eut une amnistie générale à la mort de Hidetada et le bannissement de Takuan prit fin. Plus tard, il fut invité par Tokugawa Iemitsu (1604-1651) à devenir le premier abbé du Tokai-ji à Edo, construit spécialement sous le patronage de la famille Tokugawa.

    Takuan Sôhô est mort à Edo (aujourd'hui Tokyo) en 1645. Peu avant sa mort, qu’il avait prévue, il traça au pinceau le caractère chinois 梦 (rêve). Son tombeau se trouve au cimetière du temple Oyama Tokaiji, dans le quartier de Shinagawa à Tokyo.

    Takuan conseilla et se lia d'amitié avec de nombreuses personnes de toute condition sociale. Parmi celles-ci :

    Miyamoto Musashi (maître d’escrime) et  Yagyû Munenori (Daimyo et maître d’escrime, initiateur du style d'escrime Yagyû Shinkage-ryu).

    Yagyû Shinkage-ryû (柳生 新 阴 流?) est une des plus anciennes écoles japonaises de sabre (kenjutsu). Son fondateur principal était Kamiizumi Nobutsuna, qui l’a appelé école Shinkage-ryû. En 1565, Nobutsuna légua l'école à l’un de ses plus grands élèves, Yagyû Munetoshi, qui a ajouté son nom à l'école. Aujourd'hui, le Yagyû Shinkage-ryu reste l'une des écoles les plus renommées de l'escrime japonaise. Son nom signifie à peu près Ecole Yagyû de l’Ombre Nouvelle.

    Les écrits de Takuan sur la maîtrise du kenjutsu, au seigneur Yagyû Munenori, sont souvent étudiés par les pratiquants contemporains des arts martiaux.

    En ce qui concerne son caractère, Takuan fut célèbre pour dédain pour les honneurs. Connu pour son esprit acéré et son intégrité, il s'efforça d'apporter l'esprit du bouddhisme zen à tous les aspects de la culture japonaise, tels que l'escrime japonaise, le jardinage, Sumi-e (technique de dessin), Shodô (calligraphie) et Sadô (cérémonie du thé). L’ensemble de son œuvre écrit réunit au total 6 volumes et plus de 100 poèmes publiés, y compris son traité le plus connu, Mystère de la sagesse immobile. Il a également été crédité de l'invention du daikon (radis) mariné jaune qui porte le même nom, "Takuan."

    Il est aussi un personnage de Vagabond, un manga, largement basé sur les deux célèbres livres d’Eiji Yoshikawa sur Miyamoto Musashi, La Pierre et le Sabre et La parfaite lumière.

    Disponible en français : Maitre Takuan, Mystère de la sagesse immobile. - Albin Michel, 1987.




    Quand on a eu la chance de connaître le livre et la série, il est difficile de lire l’un sans penser à l’autre et inversement. Le caractère de Senhime est très similaire dans les deux œuvres, volontaire et affirmé il la fait s’opposer à sa famille dans chacune. De même Jubei se retrouve dans les deux fictions peu respectueux des conventions et très libre de langage.

    Le patrimoine historique japonais semble être une source inépuisable où les auteurs japonais, écrivains ou mangaka puisent largement, soit en reprenant des épisodes entiers soit en ne reprenant que les personnages ou même uniquement leurs caractéristiques.