Utamaro : présentation

Utamaro

Kitagawa Utamaro (喜 多 川 歌 麿, né en 1753, mort le 31 Octobre 1806) fut un graveur et un peintre japonais. Il est considéré comme l'un des plus grands artistes de gravures sur bois (ukiyo-e). Son nom a d'abord été romanisé en Outamaro. Il est surtout connu pour ses magistrales études composées de femmes, connues sous le nom bijinga. Il a également réalisé des études de la nature, notamment des livres illustrés d'insectes.

Son travail a atteint l'Europe au milieu du XIXe siècle, où il a été très populaire, bénéficiant d'éloges notamment en France. Il a influencé les impressionnistes européens, en particulier avec son utilisation des vues partielles et son accent sur la lumière et l'ombre. La référence à « l'influence japonaise » parmi ces artistes se réfère souvent à l'œuvre d'Utamaro.

 Kitagawa Ichitaro (plus tard Utamaro) est né soit à Edo (aujourd'hui Tokyo), Kyoto, Osaka ou, ou dans une ville de province, en 1753. Une autre tradition de longue date affirme qu'il est né à Yoshiwara, le quartier des courtisanes d'Edo, étant le fils d'un propriétaire de maison de thé, mais il n'y a aucune preuve de cela. Suite à la coutume japonaise de l'époque, il a changé son nom comme il est devenu adulte, et l’âge venu il prit également le nom d’Ichitaro Yusuke.

 Malgré le succès de Kitagawa Utamaro et son statut de célébrité dans son propre monde, celui de la culture populaire, l'histoire de sa vie et sa carrière est insuffisamment connue. Apparemment les historiens de l'art ne possèdent pas de documents contemporains pour les aider à certifier sa date de naissance, son lieu de naissance et ses antécédents familiaux — il y a eu de nombreuses théories et, pour celles qui sont les plus acceptées, — il est né en 1753, probablement d'Edo, et son père était propriétaire d'une maison de thé. Kobayashi a écrit, « Kitagawa Utamaro a été une figure marquante dans le monde de l'art populaire et de la littérature, mais ce monde lui-même était au bas de l'échelle sociale. Le faible statut de l'artiste de l'ukiyo-e signifie que les détails de sa vie restent ensevelis dans l'obscurité » (Kobayashi, p 34).

  Apparemment, Utamaro fut marié, bien que peu soit connu sur sa femme et il n'y a aucune trace qu’ils aient eu des enfants. Il y a, cependant, de nombreux tirages de scènes domestiques tendres et intimes mettant en scène la même femme et les mêmes enfants à différents âges parmi ses œuvres.

 En règle générale, il est convenu que, pendant qu'il était encore enfant, il devient l'élève du peintre Toriyama Sekien. Il y a de nombreuses autorités qui estiment que Utamaro était son fil. Il  vécut dans la maison Sekien alors qu'il était plus âgé et la relation entre les deux artistes a continué jusqu'à la mort Sekien en 1788. Sekien à l'origine avait été formé à l'école aristocratique de la peinture Kanô, mais à l'âge mûr, il a commencé à pencher vers le populaire Ukiyo-e, un genre d'estampes japonaises. Sekien est connu pour avoir eu un certain nombre d'autres élèves, qui n'ont pas réussi à se distinguer.

 À l'âge approximatif de vingt-deux ans, il publia ses premiers importants travaux artistiques professionnels connus, en particulier une couverture pour un livre de jeux Kabuki en 1775 qui a été publié sous un pseudonyme, Toyoaki. Il a ensuite produit un certain nombre d’estampes d'acteurs et de guerrier, ainsi que des programmes de théâtre, et d'autres matériaux tels. A partir du printemps de 1781, il a changé son nom en Utamaro, et a commencé à peindre et à faire des gravures sur bois de femmes, mais ces premiers travaux ne sont pas considérés de valeur importante.

 À un certain moment dans le milieu des années 1780, probablement 1783, il est allé vivre avec le jeune éditeur et à la hausse, Tsutaya Jūzaburō. On estime qu'il a vécu ainsi pendant environ cinq ans. Il semble être devenu un des principaux artistes de la firme Tsutaya. Ses gravures  parurent sporadiquement les années suivantes, il réalisa surtout des illustrations pour des livres de « kyoka », littéralement «verset fou», une parodie de la forme classique poétique « waka ». Aucune de ses œuvres produites au cours de la période 1790-1792 n’a survécu.

 Vers 1791 Utamaro a renoncé à la conception de tirages pours les livres et se concentre sur des portraits de femme seule s'affichant en demi-longueur, plutôt que les femmes en groupen thème favori des autres artistes de l'ukiyo-e. En 1793, il obtenu sa reconnaissance en tant qu'artiste, et son arrangement semi-exclusif avec l'éditeur Tsutaya Jūzaburō se termina. Il a ensuite produit plusieurs séries d'œuvres très célèbres, toutes sur les femmes avec du quartier Yoshiwara.

 Au fil des ans, il at aussi édité avec un certain nombre de volumes d'animaux, d'insectes, et des études de la nature et de « shunga » ou érotisme. La gravure de « shunga » était tout à fait acceptable dans la culture japonaise, n’étant  pas associée au concept négatif de pornographie que l'on trouve dans les cultures occidentales, mais considéré plutôt comme un aspect naturel du comportement humain, et distribué à tous les niveaux de la société japonaise.

 En 1797, Tsutaya Jūzaburō disparu et apparemment, Utamaro était très bouleversé par la perte de son ami de longue date et partisan. Certains commentateurs estiment que, après cet événement, son travail n'a jamais atteint les sommets qu'il avait obtenus précédemment.

En 1804, au sommet de son succès, il a rencontré des difficultés juridiques en publiant szq gravures liées à un roman historique interdit. Les tirages, intitulé Hideyoshi et ses cinq concubines, dépeint la femme et les concubines du dictateur militaire, Toyotomi Hideyoshi, qui a vécu de 1536 à 1598. Par conséquent, Utamaro a été accusé d’atteinte à la dignité réelle de Hideyoshi. Il a été condamné à être menotté pendant cinquante jours (certains comptes-dire qu'il a été emprisonné brièvement). Selon certaines sources, l'expérience l'a écrasé émotionnellement et a mis fin à sa carrière en tant qu'artiste.

Il mourut deux ans plus tard, le vingtième jour du neuvième mois de 1806 (le format de calendrier lunaire date de Octobre 31), âgé d'environ cinquante-trois, à Edo.

 Après la mort d’Utamaro, son élève, Koikawa Shunchō, a continué à produire des gravures dans le style de son mentor et a suivi la voie d’Utamaro, jusqu'en 1820. Ces œuvres, produites pendant quatorze ans, comme si Utamaro en avait été l'auteur, sont maintenant appelés les travaux d'Utamaro II. Après 1820 Koikawa Shunchō changa son nom en Kitagawa Tetsugorō, et son travail parut ultérieurement sous ce nom.

 Utamaro produisit plus de deux mille tirages au cours de sa carrière, avec un certain nombre de peintures, « surimono » aux somptueux coloris, ainsi que de nombreux livres illustrés, y compris plus de trente livres « shunga », albums, et des publications connexes. Lui seul, de tous les artistes de l'ukiyo-e contemporaine, a acquis une réputation nationale au cours de sa vie. Ses beautés féminines sensuelles sont généralement considérées comme les plus belles et ses « bijinga » les plus évocateurs de l'ensemble de l'ukiyo-e. Il a réussi à capturer les aspects subtils de la personnalité et des humeurs passagères de femmes de toutes les classes,  de tous les âges, et dans toutes les circonstances. Sa réputation s'est perpétuée depuis, son travail est connu à travers le monde, et il est généralement considéré comme l'un des plus grands artistes de l'ukiyo-e de tous les temps.